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Un opérateur manipule une vanne, persuadé de suivre la bonne procédure. Quelques minutes plus tard, une alarme retentit, une surpression vient d’être évitée de peu ! Ailleurs, une équipe projet finalise une installation complexe avec plusieurs jours d’avance grâce à une organisation millimétrée. Deux situations très différentes, mais avec un point commun, elles renferment toutes deux un enseignement très précieux, à condition de le formaliser et de le partager. C’est précisément le rôle du retour d’expérience, transformer un fait réel, qu’il s’agisse d’un succès, d’un incident ou d’un simple écart, en savoir utile pour l’avenir. Trop souvent encore, ces moments restent dans la mémoire de quelques personnes, sans jamais nourrir l’amélioration continue de l’entreprise. Pourtant, exploiter ces informations, c’est réduire la probabilité de répéter les erreurs, capitaliser sur ce qui fonctionne et renforcer durablement la maîtrise des risques.

Le REX c’est un outil qui s’inscrit au cœur même des démarches QSSE. Mais, encore faut-il lui donner un cadre rigoureux ! C’est tout l’enjeu pour NHCS et c’est pour cette raison qu’avec cet article, nous vous expliquons ce qu’est vraiment un retour d’expérience et quels sont ses intérêts concrets !

Définition

Qu’est-ce que le retour d’expérience ?

Le retour d’expérience; c’est tout simplement un dispositif structuré qui transforme des faits observés en matière exploitable pour l’amélioration continue. Il s’agit d’un processus organisé où chaque événement, qu’il s’agisse d’un incident, d’un écart, d’une dégradation technique ou même d’un succès reproductible, devient une source de connaissances utiles. Contrairement à certaines idées reçues, le REX n’est ni une chasse aux coupables ni un simple enregistrement administratif d’incidents. Ce n’est pas non plus un débriefing informel qui, faute de capitalisation, perd toute valeur à moyen terme. Son but, c’est d’alimenter durablement les performances en qualité, sécurité, santé et environnement.

Pour ça, les unités d’analyse doivent être standardisées pour garantir la cohérence. Elles couvrent aussi bien l’événement indésirable que le quasi-accident, la non-conformité, la dérive de performance ou encore la situation dangereuse au travail. Dans la pratique, on distingue quatre grandes familles de REX :

  • Le premier champ est événementiel, centré sur les accidents, incidents et arrêts qualité.
  • Le second est technique, consacré aux défaillances, obsolescences ou phénomènes de vieillissement.
  • Le troisième concerne la surveillance et l’inspection, à travers les audits, contrôles et programmes de monitoring.
  • Le quatrième axe touche aux dimensions organisationnelles et humaines, telles que les erreurs, les interactions entre équipes ou le respect des standards de travail.

Ce processus s’applique à plusieurs niveaux, du poste de travail individuel jusqu’à l’échelle multi-sites intégrant les fournisseurs, sous-traitants ou clients. Sa gouvernance repose sur des rôles identifiés, la direction en assure le pilotage stratégique, un pilote REX coordonne la méthode, les référents QSSE et les experts métier apportent leur expertise, tandis que managers et représentants du personnel garantissent l’ancrage terrain. La réussite de cette démarche dépend aussi d’une culture partagée, charte no blame, confidentialité, droit à l’erreur et retour d’information systématique aux déclarants.

Mise en place

Pourquoi mettre en place le REX ?

En matière de sécurité et de santé, le retour d’expérience contribue directement à la baisse de la fréquence et de la gravité des accidents du travail, tout en réduisant l’exposition aux situations dangereuses. Il renforce les barrières techniques, humaines et organisationnelles mises en place pour protéger les équipes. Les indicateurs suivis sont bien connus, taux de fréquence et de gravité, TRIR, proportion de situations à risque réellement traitées et délai moyen de mise en sécurité. Sur le plan de la qualité et de la performance, la capitalisation des retours permet de limiter les rebuts, les retours clients et les écarts relevés en audit, tout en diminuant la variabilité des procédés. Les mesures associées portent sur le taux de non-conformité, les ppm, l’efficacité globale des équipements, le respect des délais de livraison ainsi que le coût de non-qualité évité. La disponibilité des installations et la maîtrise des coûts font également partie des bénéfices directs. Enfin, le REX alimente les indicateurs de fiabilité comme le MTBF et le MTTR, ce qui facilite la maintenance et permet une réduction des arrêts imprévus. En parallèle, les coûts de maintenance se trouvent réduits grâce à des actions préventives mieux ciblées.

Au-delà des résultats opérationnels, cette démarche joue un rôle important dans la réputation et la crédibilité de l’entreprise. La traçabilité des analyses et des actions constitue une preuve de sérieux face aux clients, aux partenaires et aux assureurs. Elle agit aussi comme un facteur d’engagement collectif parce que les informations circulent plus vite, les collaborateurs impliqués voient leur contribution reconnue et les bonnes pratiques se diffusent d’un site à l’autre.

Fonctionnement

Retour d’expérience, comment ça marche ?

Un retour d’expérience efficace repose sur un processus structuré, allant de la détection d’un fait jusqu’à sa capitalisation. La première étape consiste à déclencher et prioriser l’analyse en fonction de critères de gravité, de fréquence et de criticité. Certaines situations nécessitent aussi des déclarations réglementaires, comme en matière d’EHS ou dans le cadre de dispositifs médicaux. La remontée des informations doit être simple et accessible, via une application mobile, un intranet ou un support papier. Dans les 24 à 48 heures, un triage permet de sécuriser la situation et de classer l’événement pour orienter la suite du traitement.

La collecte et la qualification s’appuient sur une fiche type détaillant les éléments essentiels, contexte, lieu, acteurs, barrières en place et impacts. Des pièces complémentaires comme des photos, des enregistrements ou des données de capteurs renforcent la fiabilité. Les traces sont conservées avec horodatage et, si besoin, anonymisées. L’analyse mobilise des méthodes adaptées à la complexité de l’événement, comme les 5 pourquoi, Ishikawa, l’arbre des causes, l’AMDEC, l’ALARM, le Bow-Tie ou Pareto. L’objectif est de reconstituer une chronologie factuelle, d’identifier les écarts aux standards et de noter les causes sous-jacentes, qu’elles soient techniques, humaines ou organisationnelles. La phase de décision prend la forme d’un plan d’actions comprenant mesures palliatives, correctives, préventives ou de standardisation. Chaque action est attribuée à un responsable avec échéance et preuves attendues. La clôture est validée après vérification d’efficacité et absence de récurrence. Enfin, la diffusion se fait par une base de connaissances, enrichie de formats courts comme les flashs sécurité, les causeries ou des retours inter-sites.

Déploiement

Déployer le retour d’expérience

Avant tout, un périmètre pilote doit être défini, souvent un atelier, un service ou un processus critique, avec des objectifs chiffrés et des indicateurs de référence servant de point de départ. La direction valide une charte no blame afin d’encourager les remontées sans crainte de sanction. Les rôles sont clarifiés dès le départ, un sponsor porte le projet, un pilote REX en assure la coordination, les analystes et relais terrain collectent et diffusent l’information, tandis qu’un expert data structure les données. Dans certains cas, la représentation du personnel via le CSE ou l’IRP est associée pour renforcer la légitimité de la démarche.

Ici, la formation des salariés est un outil essentiel. Elle couvre à la fois les méthodes d’analyse et les compétences comportementales comme l’écoute active ou la conduite d’entretien. Un kit terrain est mis à disposition, comprenant guides, gabarits et exemples de bons REX, ainsi qu’une grille de critères intégrant pertinence, cohérence, efficacité et durabilité.

L’intégration dans le système de management est aussi importante. Les retours alimentent les exigences ISO 9001, démarche ISO 45001, 14001 ou 22301, mais aussi des outils comme le DUERP. La réussite repose sur un sponsoring visible, des retours rapides aux déclarants, la valorisation des REX positifs et des rituels collectifs courts. Des garde-fous sont nécessaires pour limiter les biais, faciliter une déclaration en moins de deux minutes, prioriser selon la règle des 80/20 et vérifier l’efficacité des actions par des audits flash et un suivi post-implantation.