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Une machine mal protégée, un sol glissant, une coactivité improvisée, ce sont autant de situations qui ne causent pas toujours d’accident, mais qui sont pourtant de véritables expositions au danger. C’est ce que l’on appelle une situation dangereuse, le moment précis où une personne, un équipement ou l’environnement se trouve vulnérable à un dommage potentiel. Selon la pyramide de Heinrich, chaque accident grave est précédé de dizaines d’incidents bénins et de centaines de presqu’accidents. Ignorer ces signaux faibles, c’est multiplier les occasions manquées de prévention.

Identifier, qualifier et traiter une situation dangereuse ne relève donc pas d’une simple formalité, c’est la clé pour renforcer durablement la culture de sécurité. Dans les lignes qui suivent, NHCS, vos experts en QSSE, vous expliquent comment repérer ces situations, comment agir efficacement et comment en faire un source d’amélioration continue pour la sécurité dans votre entreprise !

Définition

Qu’est qu’une situation dangereuse ?

Quand on parle prévention des risques, il est indispensable de différencier le danger, la situation dangereuse et le risque. Le danger correspond à la source de dommage, comme la vitesse d’un chariot élévateur, le produits volatils, la pièce métallique tranchante. La situation dangereuse naît quand une personne, un bien ou l’environnement est exposé à ce danger, comme un piéton traversant une zone de circulation sans séparation ou un bidon inflammable stocké près d’une source chaude. Le risque se définit ensuite comme la combinaison de la probabilité et de la gravité du dommage. C’est cette distinction qui conditionne la manière d’organiser un protocole de sécurité efficace.

Les situations dangereuses peuvent être instantanées, par exemple un outil qui chute d’une mezzanine, ou persistantes, comme un garde-corps manquant ou un empoussièrement chronique. Elles sont parfois organisationnelles lorsqu’une procédure inadaptée ou un sous-traitant non formé expose à un dommage. D’autres sont environnementales, liées à un débordement, une nuisance olfactive ou un bruit dépassant 85 décibels. Enfin, certaines relèvent de l’ergonomie, à l’image de manutentions répétées de charges de 20 kilos ou de postures contraignantes.

Des exemples simples montrent à quel point elles concernent tous les secteurs. Dans un atelier, un bac de pièces grasses posé au sol crée un risque immédiat de glissade. En logistique, un éclairage défaillant dans une zone de picking provoque erreurs et heurts. Dans un laboratoire, pipeter un solvant sans hotte augmente l’exposition par inhalation. Sur un chantier, une trémie non protégée devient un point de chute. Même un bureau peut être concerné lorsqu’un enchevêtrement de multiprises sous un poste de travail provoque un échauffement. Nous l’avons vu en introduction, la pyramide de Heinrich montre qu’un accident grave est précédé d’une trentaine d’incidents bénins et de plusieurs centaines de quasi-accidents. Pour renforcer la vigilance, certaines entreprises choisissent de se fixer des objectifs internes de remontée de ces situations, afin que chaque presqu’accident devienne une opportunité d’apprentissage.

Retranscription

Détecter, décrire et qualifier une situation dangereuse sur le terrain

La détection d’une situation dangereuse repose avant tout sur la capacité à observer le terrain avec méthode. Les tournées HSE, les visites croisées entre production et maintenance ou encore les fameux gemba walks sont des pratiques qui permettent d’identifier rapidement des anomalies, souvent invisibles dans le quotidien. Ces démarches sont renforcées par des briefs pré-tâche, où l’on prend quelques minutes pour poser les questions simples mais essentielles, qui fait quoi, à quel moment, dans quel lieu et avec quels moyens ? Ce type d’analyse rapide, complétée par une check-list adaptée, qu’il s’agisse de travaux en hauteur, de consignations LOTO ou de permis de feu, permet d’anticiper les dérives avant qu’elles ne s’installent. Les entretiens flash avec les opérateurs ou les sous-traitants sont également importants, ils apportent un retour d’expérience immédiat et donnent une vision plus fine des difficultés réelles du terrain.

Une fois le signalement effectué, la description doit être rigoureuse. Une fiche de situation dangereuse contient généralement le contexte (date, heure, zone, activité), les dangers en cause (énergie, produits, hauteur, circulation), l’exposition des personnes (fréquence, durée, proximité) et l’identification des barrières manquantes. On y ajoute l’action immédiate décidée, un schéma ou une photo, l’identité du responsable chargé du suivi et un délai de traitement précis.

Pour harmoniser le suivi, il est utile de classer les situations selon de grandes familles de risques, mécanique, chimique, électrique, incendie, ATEX, ergonomique, psychosocial ou environnemental. Cette catégorisation simplifie l’analyse des tendances et facilite l’orientation des mesures correctives. Enfin, toute nouvelle situation révélant un danger non recensé doit être intégrée sans délai au Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels. Le rappel du droit d’alerte et de retrait en cas de danger grave et imminent complète ce dispositif et garantit à chaque salarié la possibilité de s’extraire immédiatement d’une exposition jugée critique.

Traiter

Traiter une situation dangereuse !

La hiérarchie de maîtrise des risques place en premier lieu la suppression, qui consiste à éliminer totalement le danger. Si l’élimination n’est pas possible, la substitution est envisagée, par exemple en remplaçant un solvant classé CMR par une alternative moins nocive. Viennent ensuite les mesures collectives et techniques, telles que l’installation de carters, de systèmes d’aspiration localisée, de garde-corps de classe certifiée ou de dispositifs d’interverrouillage. Ces protections réduisent directement l’exposition des travailleurs. À un niveau complémentaire, l’organisation et les compétences deviennent déterminantes, permis de travail, consignations, planification pour limiter les coactivités et consignes visuelles contribuent à encadrer l’activité. D’où l’importance de la formation des salariés, car un équipement ou une procédure, même parfaitement conçus, ne sont efficaces que si chacun en connaît l’usage et les limites ! Enfin, les équipements de protection individuelle prennent place comme dernier rempart, avec un choix normé, des essais d’ajustement et un suivi rigoureux de leur état.

L’ensemble s’inscrit dans un plan d’actions structuré. La première étape est l’action immédiate, sécuriser la zone par balisage, arrêt d’une machine ou consignation. Vient ensuite l’action corrective, comme réparer une barrière ou recalibrer un capteur. Enfin, les actions préventives cherchent à éviter toute récurrence, modification d’un processus, mise en place d’un standard de travail ou audit ciblé. Partez du principe que le traitement d’une situation dangereuse n’est clos que si les preuves d’efficacité sont réunies et que le Document Unique ainsi que le plan de prévention sont mis à jour.

Structurer

Structurer le suivi QSSE

L’amélioration continue repose d’abord sur un retour d’expérience régulier. Le référentiel MASE et l’ISO 45001 insistent sur la nécessité d’analyser les événements, qu’il s’agisse d’incidents, de presqu’accidents ou de situations dangereuses. Les causeries sécurité, ou toolbox talks, d’une dizaine de minutes permettent de partager rapidement un retour d’expérience, un rappel de consigne ou une nouvelle mesure de prévention. Le MASE encourage fortement ces moments de dialogue courts et fréquents, car ils participent à ancrer la culture sécurité dans le quotidien. De la même manière, les audits thématiques programmés à intervalles réguliers, par exemple chaque trimestre sur des thèmes ciblés comme la circulation interne, l’énergie, la chimie ou l’ergonomie, répondent à l’exigence d’évaluation continue posée par l’ISO 45001.

La mise à jour des procédures et standards s’accompagne d’actions de sensibilisation, parfois sous forme de formations express de 30 minutes, conçues pour maintenir l’attention sans désorganiser la production. La réglementation française impose par ailleurs de former les salariés affectés à des postes à risques spécifiques, ce qui rejoint les principes de l’ISO 45001 sur la compétence et la prise de conscience. L’intégration des sous-traitants dans cette dynamique est tout aussi importante, le code du travail impose un plan de prévention en cas de coactivité, et le MASE en fait une exigence centrale, notamment à travers des accueils sécurité renforcés et des audits conjoints.

Enfin, la gouvernance se matérialise souvent par un comité QSSE mensuel réunissant la direction, la production, la maintenance et les ressources humaines pour arbitrer les priorités et affecter les ressources. De nombreuses organisations choisissent de s’appuyer sur des outils numériques pour centraliser les signalements, gérer les assignations, stocker les preuves et automatiser les relances, dans l’esprit d’amélioration continue prôné par l’ISO 45001.