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MASE ou ISO 45001 ? Dans les services QSE, le débat est bien connu. D’un côté, on a l’outil de terrain pur et dur, né dans l’industrie française, avec ses audits flash et ses causeries sécurité. De l’autre, le mastodonte international, bâti sur la fameuse High-Level Structure pour dialoguer parfaitement avec les normes ISO 9001 et 14001. Si la finalité reste la même, bâtir une culture de la prévention solide pour faire reculer les accidents, les chemins pour y parvenir, eux, sont très différents !

Nous allons décortiquer l’ADN de ces deux outils, leur philosophie, ce qu’ils exigent vraiment lors d’un audit et, surtout, leurs impacts concrets ! L’objectif, c’est de vous fournir une grille de lecture vous permettant de faire le meilleur choix, mais aussi de voir l’intérêt d’une double certification. Cette analyse se nourrit de notre expérience sur le terrain, consolidée par les centaines de missions d’accompagnement et d’audits que NHCS mène chaque année auprès des industriels et des PME.

Comparatif

MASE et ISO 45001, deux approches très différentes

Élaboré au milieu des années 90 par un collectif d’industriels de l’Étang-de-Berre, le Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises, ou MASE, outil d’amélioration continue désormais incontournable, répond d’abord à une urgence très concrète, sécuriser la présence de sociétés extérieures sur des installations classées Seveso. Trente ans plus tard, 4450 entreprises françaises, soit près de 490 000 salariés, appliquent quotidiennement ce référentiel. La logique est résolument pratique, réduire les accidents grâce à une organisation clarifiée, des quarts d’heure sécurité ritualisés et des audits terrain qui responsabilisent à la fois l’entreprise utilisatrice et chaque prestataire intervenant.

À l’autre extrémité du spectre, la norme ISO 45001 voit le jour en 2018 sous l’égide de l’Organisation internationale de normalisation pour proposer un langage unifié à toutes les structures, privées comme publiques, dans plus de 180 pays. Elle comptait déjà 185 166 certificats valides fin 2023, preuve d’une adoption mondiale rapide. L’ISO 45001 s’intéresse autant à la prévention immédiate qu’à la stratégie. Identification des risques et opportunités, implication formelle de la direction, consultation systématique des parties prenantes et conformité réglementaire constituent ses moteurs principaux.

Ainsi, le MASE reste centré sur la sécurité opérationnelle dans les environnements industriels à forte coactivité, tandis que l’ISO 45001 élargit la focale à la performance globale en santé et sécurité au travail. Les objectifs reflètent cette divergence, baisse tangible de la fréquence et de la gravité des accidents par des actions terrain très outillées pour le référentiel français, amélioration durable des indicateurs SST et pilotage stratégique pour la norme internationale. Deux trajectoires qui, bien que différentes, poursuivent la même finalité, protéger les personnes et donner corps à une véritable culture de la prévention.

Démarche

Le pragmatisme versus le systémique

Le Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises s’organise autour de cinq blocs qui parlent immédiatement aux opérationnels, engagement visible de la direction, maîtrise des compétences et habilitations, préparation et déroulement du travail, mesure de l’efficacité du système puis bouclage en amélioration continue. Ce squelette volontairement compact, à peine cinquante exigences clés, explique sa popularité auprès des petites structures. Selon une enquête, environ 40% des sites certifiés emploient moins de vingt salariés, la majorité n’ayant pas les moyens de déployer un service QHSE complet. La logique PDCA se matérialise ici par des outils simples. Fiche d’analyse de risque terrain, quart d’heure sécurité, retour d’expérience systématique après chantier. Chaque chapitre renvoie à une action concrète, l’objectif n’est pas de décrire un processus, mais de s’assurer qu’il est réellement animé et compris par les équipes.

L’ISO 45001 repose sur une tout autre architecture, dix clauses alignées sur la High-Level Structure, identiques à celles de la démarche ISO 9001 et de la norme environnementale ISO 14001. Contexte, leadership, planification, support, exploitation, évaluation et amélioration, chaque thème suit un fil logique qui embrasse l’organisation dans son ensemble. Cette ossature détaillée exige de cartographier processus, parties intéressées et obligations légales, puis de documenter les actions et indicateurs dans un système de management formalisé. Là où le MASE décrit la scène d’intervention, l’ISO 45001 décrit le décor complet, gouvernance, stratégie, ressources et parties prenantes. La norme reste volontairement prescriptive sur le “quoi” (traçabilité, participation des travailleurs, analyse des risques et des opportunités) sans imposer le “comment”, laissant l’entreprise choisir ses méthodes. Résultat, un cadre universel capable de fédérer plusieurs sites dans plusieurs pays, mais qui suppose un investissement documentaire plus conséquent et une discipline de pilotage régulière.

Pragmatique et centré chantier d’un côté, systémique et intégrable à un portefeuille de normes de l’autre, la différence de philosophie transparaît dès la table des matières et conditionne la façon dont chaque référentiel s’ancre dans la culture de l’entreprise.

Méthodologie

Méthodes d’évaluation et processus d’attribution

La mise en place du référentiel MASE commence par la sélection d’un cabinet agréé par le Conseil National MASE. L’auditeur conduit un audit mixte, dossier documentaire puis immersion terrain obligatoire, souvent programmées de façon très régulière pour observer la coactivité réelle. Son rapport est présenté devant un comité régional composé à parts égales d’entreprises utilisatrices et d’intervenants. C’est ce collège qui attribue la certification pour un ou trois ans. En pratique, 55% des entreprises obtiennent trois ans du premier coup, mais le référentiel impose de changer d’auditeur après deux cycles consécutifs, afin de conserver un regard neuf. La surveillance ne s’arrête pas là. Un reporting semestriel de résultats SSE est transmis à l’association locale et les entreprises participent à des réunions régionales pour partager retours d’expérience et indicateurs.

L’ISO 45001 passe, lui, par un organisme de certification accrédité qui mandate des auditeurs enregistrés IRCA ou ICA. L’évaluation comprend deux étapes. Une revue documentaire préliminaire puis un audit approfondi sur site. Le certificat est délivré pour trois ans avec une visite de contrôle annuelle. La même équipe peut rester affectée pendant tout le cycle, ce qui garantit une continuité dans la lecture du système, mais limite parfois la fraîcheur du point de vue. Les exigences de la norme ne fixent ni fréquence minimale d’audit interne ni clause de terrain obligatoire. Tout repose sur la preuve que le système fonctionne, que les risques et opportunités sont tenus à jour et que les processus produisent leurs résultats. Moins ancrée localement que MASE, la surveillance post-certification est assurée par le cabinet lui-même. L’entreprise adresse ses plans d’actions et indicateurs avant chaque visite annuelle, sans nécessité de comité externe.

Résultats

Impacts, complémentarité et choix stratégique

Sur les sites Seveso, les chantiers de démantèlement ou les terminaux pétroliers, la demande client laisse peu de place au doute. Sans certificat MASE, l’accès est tout simplement refusé ! De fait, 73% des organisations déjà certifiées déclarent avoir constaté une diminution sensible de la gravité des accidents, les donneurs d’ordres utilisant l’indicateur comme barème d’éligibilité. À l’inverse, les groupes présents sur plusieurs continents privilégient l’ISO 45001. La norme est reconnue dans plus de 180 pays, et une étude évalue à 22,6% la baisse moyenne de fréquence des accidents dans les 3 ans qui suivent l’obtention du certificat.

Bon nombre d’entreprises cumulant activités locales et projets internationaux optent pour la double démarche. L’ISO 45001 sert de tronc commun stratégique et documentaire, tandis que le MASE renforce l’efficacité terrain dans les zones de coactivité. Le choix final dépend donc du profil de risque et de la feuille de route commerciale. Le MASE séduit les PME spécialisées dans l’intervention rapide, en raison d’un coût de déploiement réduit et d’exigences documentaires limitées. L’ISO 45001 réclame davantage de ressources, mais ouvre les portes des appels d’offres internationaux et facilite l’alignement avec d’autres démarches type ISO 9001 ou 14001.