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Publié en 2015, le dernier grand cru de l’ISO 9001 avait déjà marqué un tournant dans la norme, en y introduisant la notion de contexte organisationnel, la prise en compte des parties intéressées ou encore une approche fondée sur les risques. Près de dix ans plus tard, l’arrivée d’un amendement officiel en 2024 avait prolongé cette dynamique, en introduisant dans la norme, l’analyse des effets du changement climatique sur la performance qualité des organisations.

Ce bouleversement, aussi discret soit-il sur le papier, deux phrases ajoutées dans le chapitre 4, pourrait bien transformer profondément la manière dont les entreprises abordent leur stratégie qualité. Car il ne s’agit plus seulement d’optimiser ses processus, de satisfaire ses clients ou de maîtriser ses fournisseurs. Il faut désormais démontrer une capacité à comprendre et anticiper des événements globaux, incertains, parfois encore difficilement mesurables, mais capables d’affecter la pérennité d’un système ! Évidemment, pour NHCS, cette évolution retient toute notre attention, car elle interroge la maturité des systèmes de management en place. Dans cet article, nous comparons en détail les versions 2015 et 2024 de l’ISO 9001 pour mieux cerner les changements introduits.

CLIMAT

Amendement 2024, la prise en compte des enjeux climatiques

Le 23 février 2024, l’Organisation internationale de normalisation a publié un amendement significatif à la norme ISO 9001, introduisant pour la première fois la question des changements climatiques dans le cadre du management de la qualité. Ce texte, désigné sous l’intitulé A1:2024, modifie les paragraphes 4.1 et 4.2 de la version 2015. Il s’inscrit dans une évolution des attentes à l’égard des entreprises, désormais appelées à démontrer une compréhension élargie des risques externes, notamment environnementaux, sans pour autant en faire un objectif environnemental en soi, puisque ce rôle reste celui de l’ISO 14001.

Dans le détail, le paragraphe 4.1 intègre une nouvelle exigence, toute organisation doit dorénavant déterminer si les changements climatiques constituent un enjeu susceptible d’avoir une incidence sur son système de management de la qualité. Il ne s’agit pas de s’engager dans une politique de réduction de l’empreinte carbone, mais bien d’analyser les répercussions potentielles du climat sur la continuité, la conformité et la performance des activités. Cette exigence vient compléter l’analyse des facteurs externes déjà demandée par la norme, aux côtés des considérations économiques, technologiques ou réglementaires. Le paragraphe 4.2, quant à lui, accueille une note précisant que les parties intéressées peuvent exprimer des attentes spécifiques en matière climatique.

Ces ajouts appellent une intégration immédiate dans les matrices de risques, les analyses de contexte et les revues de direction. Dans les secteurs les plus exposés, comme le BTP ou la logistique, les effets climatiques peuvent déjà perturber la qualité des livrables ou allonger les délais. La norme ISO 9001, adoptée à ce jour par plus de 1,3 million d’organisations dans 170 pays, évolue ainsi pour prendre en compte les signaux faibles qui pourraient compromettre l’atteinte des objectifs qualité. Car après tout, qu’est-ce que la démarche ISO 9001, sinon la capacité à structurer, anticiper et améliorer continuellement les processus en lien avec les attentes du marché et les évolutions de l’environnement.

FUTUR

Une norme de qualité pensée pour les défis de demain

Là où l’édition de 2015 avait déjà initié une sorte d’évolution vers une meilleure compréhension du contexte général de l’entreprise, la mise à jour de 2024 pousse plus loin l’exigence d’ancrage dans les enjeux à moyen et long terme. Les organisations ne peuvent plus se contenter d’identifier des facteurs juridiques, économiques ou sociaux immédiats. Elles doivent désormais intégrer dans leur réflexion des dynamiques telles que la transition énergétique, l’évolution des comportements sociétaux ou encore leur capacité à encaisser des chocs systémiques comme des pénuries de matières premières ou des crises géopolitiques.

Ce changement c’est d’abord un élargissement du périmètre des parties intéressées. L’analyse ne peut plus s’arrêter aux clients, fournisseurs, ou actionnaires. Des acteurs comme les collectivités locales, les ONG ou les institutions environnementales peuvent, eux aussi, exprimer des attentes sur la qualité des produits, des services ou sur la conformité générale du système. Cette approche repositionne l’entreprise au cœur d’un réseau, où les exigences ne sont plus seulement contractuelles mais aussi éthiques, territoriales ou réglementaires ! Ce repositionnement a des conséquences directes sur les outils de pilotage. Les synthèses SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities et Threats) internes doivent être actualisées, les analyses de parties prenantes renforcées, et les dispositifs de veille stratégique repensés pour capter des signaux faibles qui sont souvent décisifs. Le pilotage de la qualité n’est plus une simple série d’ajustements ponctuels mais un système d’anticipation active, dans lequel chaque décision peut être guidée par un mode opératoire orienté vers les défis que nous réservent le futur..

Changements & perspectives

Changements de structure et perspectives de révision repoussée !

Alors que l’amendement de 2024 est désormais en vigueur, une autre évolution de plus grande ampleur se profile, la révision complète de la norme ISO 9001 ! Initialement attendue pour la fin de l’année 2025, la nouvelle version ne sera finalement publiée qu’en 2026. Un report qui s’explique par la décision du comité ISO/TC 176 de retravailler le projet initial, soit le CD1, jugé insuffisamment abouti. Un second brouillon, le CD2, est en préparation pour une diffusion prévue courant 2025. Une étape supplémentaire pour produire un texte plus solide, mieux aligné avec les enjeux contemporains du management de la qualité.

L’une des évolutions majeures annoncées concerne la transition de la structure HLS, High Level Structure, adoptée en 2015, vers une nouvelle structure dite HS, Harmonized Structure. Cette architecture modernisée devrait mieux refléter les réalités opérationnelles des entreprises, tout en facilitant l’intégration des systèmes de management multiples, qualité, environnement, sécurité… Cette refonte structurelle permettra une lecture plus fluide et une meilleure cohérence entre les différentes normes ISO. Elle contribuera également à réduire les redondances et à clarifier certains concepts encore ambigus dans la version actuelle.

Aucune rupture n’est attendue dans les exigences fondamentales. Le travail de révision portera plutôt sur la clarification de certains axes comme la gestion des opportunités, la culture de la qualité, l’éthique organisationnelle, ou encore la meilleure intégration du système de management dans la stratégie globale. Les travaux menés en parallèle sur l’ISO 9000, qui encadre les définitions de base, ainsi que sur l’ISO 19011, dédiée aux pratiques d’audit, visent à assurer une parfaite harmonisation terminologique et méthodologique. Forcément, ce double chantier exige des entreprises qu’elles soient à la fois réactives face aux ajouts immédiats, comme l’amendement climatique, et vigilantes quant aux évolutions plus profondes qui se profilent pour 2026, et qui seront sans doute nombreuses.

Le mot de la fin

Impacts sur les audits, certifications & gestion des risques en entreprise

De nombreuses entreprises ont déjà été confrontées à des audits prenant en compte les exigences de l’ISO 9001 version 2024. Une situation qui a créé une sorte d’effet d’urgence, car l’absence d’analyse sur les impacts potentiels des changements climatiques peut désormais donner lieu à des constats de non-conformité. Selon le secteur d’activité et l’urgence des enjeux, cet écart peut être qualifié de mineur ou majeur ! Du côté des organismes certificateurs, la montée en compétence des auditeurs est en cours, mais reste encore inégale. Certains auditeurs sont déjà formés pour intégrer cette lecture élargie du contexte, tandis que d’autres attendent encore des directives précises. Forcément, cela crée des différences d’interprétation, parfois sources de tensions pour les audités.

En parallèle, les entreprises doivent adapter leur documentation. Le manuel qualité, l’analyse du contexte, l’identification des parties intéressées et les comptes rendus de revue de direction doivent être mis à jour pour intégrer cette nouvelle exigence. Enfin, la grille d’évaluation des risques et opportunités nécessite une révision pour y intégrer les perturbations climatiques, les contraintes réglementaires à venir, ou encore les exigences accrues des clients sur les engagements environnementaux.